L’interview de Philippe Jugé, co-créateur du salon France Quintessence

21 Sep 2016

L’interview de Philippe Jugé, co-créateur du salon France Quintessence

mercredi 21 Sep 2016

Philippe Jugé, le passionné – et bouillonnant – créateur du salon France Quintessence, revient sur les tendances fortes de l’édition 2016, qui s’est tenue les 11 et 12 septembre dernier à Paris. Avec 50% de visiteurs en plus et 110 marques présentes, les producteurs français suscitent un engouement croissant. C’est acté : les spiritueux français sont désormais une alternative sérieuse aux sacro-saints whiskies écossais. Good news, isn’t it ?

Le salon a fermé ses portes il y a deux semaines. Si vous deviez retenir une tendance ?

Les cavistes sont de plus en plus à l’affut des nouveautés. L’an dernier, le salon a principalement attiré les indépendants, déjà acquis à notre « cause ». Cette année, les réseaux chainés mais aussi beaucoup de bartenders étaient là, signe que la vague des spiritueux n’est plus réservée à une communauté étroite de connaisseurs.

Et côté produits ?

C’est bel et bien le gin qui a créé l’événement, avec sept lancements de produits, dont l’incroyable gin olive de Manguin. L’un de mes coups de cœur… avec le gin Diplôme de l’Explorateur du Goût. J’ai vraiment pris une claque avec ce gin. Je ne m’attendais pas à trouver un si bel équilibre des saveurs, entre notes florales et touches épicées.

« J’ai pris une claque gustative avec le gin Diplôme »

Un salon sur les spiritueux français… il fallait oser ! Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’aventure ?

Disons que les routes bien balisées m’ennuient, disons que j’aime ouvrir de nouveaux chemins. Aujourd’hui, mon cheval de bataille, c’est faire revivre la culture du spiritueux en France. La France est le seul pays au monde capable de tout produire, du whisky, du gin, de la vodka, du pastis, sans parler du calvados, du cognac ou de l’armagnac, parmi les plus vieux spiritueux au monde. Ce sont aussi les Français qui ont inventé l’alambic à colonne et l’alambic à repasse. Mais nos compatriotes n’ont malheureusement pas conscience de ce patrimoine. Qui sait par exemple qu’un armagnac est distillé à partir de vin blanc ? Au mieux, on vous dira qu’il sert à flamber les crêpes ! La vocation de France Quintessence est de valoriser l’extraordinaire savoir-faire de nos distilleries, trop méconnu.

« Les Américains ont le bourbon, les Écossais le whisky, les Russes la vodka. Nous avons tout ! »

Le savoir-faire de nos producteurs trop méconnu : que voulez-vous dire par là ?

Les distilleries de nos producteurs sont éblouissantes, je me le dis à chaque fois que j’en visite une.Les Français sont des orfèvres, qui travaillent de petites quantités, avec de petits alambics. Rien à voir avec l’Écosse, où les distilleries tournent avec des mastodontes de 15 000 litres. L’autre différence est liée à la saisonnalité et à la diversité des produits. La mirabelle ne se distille pas en juin. Le procédé de distillation des racines de gentiane est tout à fait spécifique. Autant de caractéristiques qui rendent difficile, voire impossible, toute tentative d’industrialisation. La vérité, c’est que les spiritueux français sont artisanaux depuis toujours, bien avant l’avènement de la mode des « craft spirits ».

« Les Français sont des orfèvres »

L’Explorateur du Goût est un petit nouveau sur le marché de la distribution de spiritueux. Qu’apporte-t-il ?

Je me sens simplement proche des valeurs de L’Explorateur du Goût. J’ai envie de les défendre… car ils défendent les productions authentiques, car ils vont chercher les perles rares au-delà des sentiers battus. Mettre trois producteurs français au catalogue, dès le lancement : c’est un parti pris audacieux, que je ne peux que soutenir !

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